mercredi 15 décembre 2010

Cyrano de Bergerac

d'Edmond Rostand


 au Théâtre Daniel Sorano avec le groupe Ex-abrupto


Mise en Scène Didier Carette et Marie-Christine Colomb











Quand le hasard fait bien les choses...Monique a eu des invitations, les a données à Marie-Claude qui a son tour nous les a données...et voilà comment je me retrouve, samedi soir, à voir "Cyrano de Bergerac" au Théâtre Sorano au lieu de surfer sur la toile ou regarder un "nanar" à la télé. Et là, le coup de coeur intégral !!!!!

Une mise en scène sobre, moderne ; des acteurs de la Compagnie Ex-abrupto de grand talent et un Cyrano sublime incarné par Régis Goudot ! Un Cyrano, frêle en apparence, mais qui se nourrit de son texte, qui remplit la salle de ses tirades, nous touche au coeur, nous émeut, nous transporte ! Merci Didier Carette . Merci aux acteurs. Merci à Régis Goudot. Merci à Edmond Rostand (pour ce texte encore si moderne et si poétique). Merci Monique.


Et pour le plaisir ...la tirade du nez :



Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! 
On pouvait dire... Oh! Dieu!... bien des choses en somme.
En variant le ton,-par exemple, tenez: 
Agressif: " Moi, Monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse ! "
Amical: " Mais il doit tremper dans votre tasse ! Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap! " 
Descriptif: " C'est un roc ! . .. c'est un pic ! . . . c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ?. .. C'est une péninsule ! " 
Curieux: " De quoi sert cette oblongue capsule ? D'écritoire, Monsieur, ou de boite à ciseaux ? " 
Gracieux: " Aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? " 
Truculent: " Ça, Monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? "
Prévenant: " Gardez-vous, votre tête entrainée Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! " 
Tendre: " Faites-lui faire un petit parasol De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! "
Pédant: " L'animal seul, Monsieur, qu'Aristophane Appelle Hippocampelephantocamelos Dût avoir sous le front tant de chair sur tant d'os !” Cavalier: " Quoi, I'ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode! " ,
Emphatique: " Aucun vent ne peut, nez magistral, T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! "
Dramatique: " C'est la Mer Rouge quand il saigne ! " Admiratif: " Pour un parfumeur, quelle enseigne ! " Lyrique: " Est-ce une conque, êtes-vous un triton ?"
Naïf: " Ce monument, quand le visite-t-on ? " 
Respectueux: " Souffrez, Monsieur, qu'on vous salue, C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue! " 
Campagnard: " He, arde ! C'est-y un nez ? Nanain ! C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! " 
Militaire: " Pointez contre cavalerie ! "
Pratique: " Voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, Monsieur, ce sera le gros lot! "
Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot: " Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître 
A détruit l'harmonie! Il en rougit, le traître! " 
- Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit 
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit: 
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres, 
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres 
Vous n'avez que les trois qui forment le mot: sot! 
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, I'invention qu'il faut 
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries, 
Me servir toutes ces folles plaisanteries, 
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart 
De la moitié du commencement d'une, car 
Je me les sers moi-même, avec assez de verve
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.